Cavaliers mongols

Le cheval en Asie

Le cheval de Przewalski

Le cheval de Przewalski peuplait l’Europe et les vastes prairies d’Asie Centrale depuis des millénaires. C’est avec cette monture que le peuple Mongol conquît, au Moyen-Âge, une grande partie de l’Europe et de l’Asie. Les chasses, ajoutées aux changements climatiques et aux croisements avec d’autres races ont progressivement entraîné la disparition du cheval Przewalski en Europe. En 1879, le naturaliste russe Nikolai Przewalski en découvrit les derniers survivants dans les montagnes de Tachin Schara Nuru près du désert de Gobi.
D’apparence rustique, cet équidé ne dépasse pas 1,35 m au garrot. Le cheval de Przewalski se distingue par ses rayures discrètes sur les pattes, sa crinière dressée sans toupet sur le front, et une ligne brune de l’encolure à la queue. La queue et la crinière sont constituées de crins et de poils de bourre qui muent mais à une époque différente du reste de la fourrure, signe de pureté de la race. Mais leur principale différence avec les autres chevaux se situe au niveau génétique : en effet, il possède deux chromosomes de plus.
Les derniers chevaux de Przewalski en liberté ont été observés en Mongolie en 1966. Aujourd’hui c’est l’un des mammifères les plus menacés du monde. Le cheval de Przewalski a survécu grâce aux zoos. Mais la vie en captivité est dénuée de sélection naturelle et a été préjudiciable aux chevaux. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs projets de réintroduction de ces chevaux dans leur milieu d’origine ont vu le jour en Mongolie, Russie et Chine. Mais ils s’avèrent difficiles et longs à mettre en oeuvre. En France, le Parc National des Cévennes, le WWF et la Station Biologique de la Tour du Valat ont créé en 1990 l’association "TAKH" (qui signifie cheval sauvage en mongol), qui a acquis un domaine de plus de 300 hectares, situé sur le Causse Méjean, dans les Cévennes. Une quarantaine de chevaux y évoluent en semi-liberté. L’expérience a démontré que ces chevaux provenant de captivité sont capables de retrouver les comportements leur permettant de survivre et se reproduire en conditions naturelles. Plus tard, on pourra envisager leur retour dans le Parc National du Gobi, en Mongolie.
Dessin ©Philippe Dumas
Dessin ©Philippe Dumas

Le cheval Mongol

Le cheval Mongol est une ancienne race, probablement la plus ancienne réellement domestique et elle a influencé beaucoup d'autres races d'Asie et d'Europe jusqu'à une époque récente. Élevé par les tribus guerrières du pays, on pense que le cheval Mongol fut apparenté en des temps très anciens avec le cheval de Przewalski. Il descend vraisemblablement en droite ligne de l'Equus caballus Przewalski Poliakov et de ces Tarpans sauvages qui peuplèrent jadis les steppes de l'Asie centrale. Dans un ancien livre de la période Han, un chapitre relate que "aussi loin que du temps du règne de Yao [4 000 à 5 000 ans auparavant], il vivait dans les bassins des rivières, dépendant des pâtures naturelles et paissant aux côtés du bétail et des moutons". La race fut domestiquée aux environs des années 2 000 avant J.C., en Chine, dans la région septentrionale près de la frontière avec la Mongolie. Puis, les Mongols utilisèrent ces chevaux pour envahir les territoires voisins, le répandant dans plusieurs lieux du monde connu. Ainsi, il représente l'une des souches d'origine qui exerça une influence prépondérante sur le cheptel d'élevage mondial et ses gènes pourraient probablement être retrouvés chez le Pur-sang et l'Arabe, ainsi que tous leurs croisements et dérivés.
Le cheval Mongol est aussi utilisé pour le lait, indispensable à la vie pastorale de la population. Aujourd’hui encore, les Mongols utilisent traditionnellement le lait de jument. La traite permet d'obtenir 150 à 300 kg de lait, en addition à ce que tète le poulain. Cela représente une moyenne de 3 à 4 litres par jour, récoltés au cours de 5 traites, parfois plus. Le lait de jument est utilisé pour préparer un lait fermenté, l'aïrak. Traditionnellement sa fabrication est réalisée dans de la vaisselle de bois et dans une outre faite de peau de chèvre ou de mouton dont les poils tournés vers l'intérieur recèlent le ferment. Consommé à grandes bolées, le lait de jument fermenté est l'aliment souverain de la vie mongole. Sans l'aïrak, pas de force, pas de résistance, pas de joie soutenue. À la fois breuvage et nourriture, l'aïrak établit une liaison fondamentale entre le cheval et le peuple des steppes : celui qui a grandit au lait de jument ne peut que connaître le langage des chevaux.

Critères de la race du cheval Mongol

C'est un petit cheval et non un poney. Très polyvalent, il est vif, alerte et possède une remarquable habilité au travail sous la selle et le bât, avec le bétail, à la ferme et au trait. Il prend également part à des matchs de polo, sport très populaire en Asie, ainsi qu'aux festivals nationaux. Sa rusticité, sa résistance et son endurance sont légendaires : on mentionne volontiers que les chevaux fournis par la RPM à l'Union Soviétique, au cours de la dernière guerre mondiale, sont allés jusqu'à Berlin. Volontaire, infatigable, docile, et très endurant sont ses qualités principales. Le cheval Mongol est également doté d’une grande résistance. Il peut parcourir 80 à 95 km par jour, même en terrain accidenté, et les courses de 30 à 60 km font partie intégrante de la vie sociale. Très populaires, ces courses sont adaptées aux qualités spécifiques des chevaux Mongols plus résistants que rapides. De manière générale, ce cheval porte une tête massive et lourde avec un profil droit et un front large, des yeux en amande, des oreilles petites et très mobiles. L’encolure est courte, épaisse et musclée. Le garrot assez bas, annonce un dos très fort, court et droit, et une croupe longue, tombante et musclée, une queue assez haut placée, des membres solides et courts. Grâce à ses sabots résistants et durs, il a rarement besoin d'être ferré. Ce cheval aux crins abondants, présente généralement une robe baie, baie sombre, souris, noire, rouan ou isabelle. Il toise généralement entre 1,22 m et 1,42 m.

Allures du cheval Mongol

L’allure naturelle du cheval Mongol est le trot. Certains individus, très recherchés, amblent naturellement. Son pas n'est pas très étendu et, au petit galop, il n'est pas plus rapide qu'au trot.

Harnachement du cheval Mongol

L’assiette du cavalier « juché » sur son cheval est une caractéristique de tous les cavaliers de la tradition équestre mongole. L. Gianoli (op. cit.) résume ainsi l'équitation de ce peuple : « ... les Mongols pratiquaient une équitation naturelle, laissant à leurs chevaux la plus grande liberté et un équilibre naturel, ce qui devait permettre ces brusques changements de direction sur une simple impulsion de la jambe et par un léger déplacement du poids du cavalier. » C'est un peu court ! Et c'est faux quant à la jambe. En effet, on est sûr d'une chose : empêchée par le grand quartier de tradition chinoise qui la coupe du contact du cheval, la jambe ne pouvait agir pour animer le cheval. Le mouvement en avant était, est encore, commandé par le fouet qui fait partie du harnachement mongol.
Avec une selle qui libère son dos par un siège très haut, et qui répartit le poids du cavalier par des bandes très longues, le vaillant petit animal, équilibré sur les épaules retrouve une locomotion normale. Dès lors, toutes ses qualités peuvent s'exprimer.
Avec cette selle originale, les Mongols ont utilisé un harnais de tête spécifique, comparable à aucun autre. Le bridon (amgai) n'est pas un filet à canons épais. Il est fait de deux tiges minces et courbes, se reliant dans la bouche (manière mors brisé) et sortant largement des commissures des lèvres, jusqu'à remonter sur les joues. Là, ces tiges s'articulent sur deux anneaux, attachés aux montants. De ces anneaux partent deux rênes, et une longe sur le côté gauche. Cette embouchure a un effet releveur de la tête et renverseur de l'encolure. La tête porte au vent dès que la main agit. La conduite, à une main, se fait sur rênes très courtes, par appui de l'anneau sur la joue du cheval. « ... Les Mongols disent qu'ils dirigent leur monture par une action non pas sur la bouche, mais sur les joues » (ibid.).

En savoir plus
Une école d'équitation à Oulan-Bator possède des chevaux croisés avec des chevaux du Don, des Budyonny et des Thoroughbred. Ils ont une moyenne de 1,42 à 1,45 m au garrot. Les individus issus de ces croisements ressemblent aux races étrangères.
Dessin ©Philippe Dumas
Dessin ©Philippe Dumas

Le Bouzkashi

Aujourd’hui encore, une grande compétition de Bouzkashi se tient à Kouchrabad, petit village non loin de Samarcande, où près de 100 cavaliers s’affrontent au cours d’une bataille impressionnante. Durant des siècles, les jeux traditionnels étaient très populaires en Asie Centrale. De nos jours, la célébration du Navrouz, nouvel an des pays ayant subi l’influence de l’empire Perse ou d’un mariage donne encore lieu à ces jeux et notamment au Bouzkashi.
Ce jeu traditionnel, réelle institution pour les Ouzbèks est une compétition équestre semblable au polo européen, à la différence qu’une carcasse de chèvre remplace la balle ! Tous les cavaliers partent d’une même ligne de départ et le vainqueur de la mêlée doit ensuite effectuer un parcours déterminé par des poteaux avant de revenir au centre de la piste et de jeter la carcasse dans un cercle tracé au sol, représentant le «cercle de justice». Durant la chevauchée, ses adversaires tentent de s’emparer de la carcasse et tous les coups sont permis. Le cavalier qui réussit à jeter le corps de la chèvre dans le cercle remporte le premier prix, la reconnaissance et les applaudissements des spectateurs.
Le Bouzkashi a pour but de développer la force, le courage et l’adresse des participants. Ce sport très ancien est né parmi les armées persanes et servait d’entraînement à la cavalerie d’élite. Mais, les gouverneurs l’organisaient également en l’honneur de la victoire ou de la naissance d’un héritier.

Le polo, le plus vieux sport d'équipe au monde !

Les premières traces du Polo apparaissent en Perse il y a 2500 ans. De là il se propage jusqu’à Constantinople et gagne le Turkestan, le Tibet, la Chine et le Japon. Au 12ème siècle, Gengis Khan conquit l’Iran et l’Afghanistan. Il en rapporte le Polo et le fait pratiquer par ses guerriers.
Le jeu devient un enseignement essentiel :
  • il permet de tester la valeur d’un homme et de renforcer sa personnalité,
  • il lui apporte l’apprentissage de la vitesse,
  • l’intensité du combat,
  • l’esprit de décision.
La pratique du polo est encore très présente en Argentine bien sûr, mais aussi en Afrique du Sud, au Kenya et au Rajasthan, entre autres. Au 14ème siècle, le polo arrive en Inde, il se développe alors sous le règne des grands Mongols jusqu’au milieu du 18ème siècle. À la fois viril et élégant, c'est un art noble, pratiqué par les meilleurs guerriers, les rois et les princes. Pour les joueurs, il requiert des qualités de courage, d’intelligence, d’humilité et de loyauté. C’est à cette période que des officiers coloniaux anglais le reprennent et l’adaptent. Il devient partie intégrante de la vie des britanniques qui l’exportent à toute l’Europe et surtout en Argentine, où le polo fait battre le coeur de la pampa depuis le 19ème siècle.
Sport d’équipe, sport de balle, le polo permet un jeu attractif, fait de rebondissement, d’adrénaline, parfois de frustration pour les plus combatifs. Toute l’équitation  se retrouve dans ce sport : course effrénée, étriers contre étriers, marquage tactique, voltes et demi-voltes, arrêts nets et changements de pied constants. Le jeu demande de la  stratégie avec une tactique d’attaque et de défense, des marquages d’adversaire, l’anticipation des actions mais aussi acquérir une technique de frappe et avoir du fair play.


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